La BBC est « soumise à de fortes pressions » pour rester pertinente auprès de tous les publics et n'a pas réussi à endiguer la hausse du taux de non-paiement de la redevance télévisuelle, alerte vendredi 21 novembre une commission parlementaire dans un rapport. La BBC perdait désormais plus de 1,1 milliard de livres (1,47 milliard d'euros) de recettes potentielles en raison de la fraude à la redevance et du recul du nombre de foyers avec licence TV, selon l'analyse de cette commission.
La BBC tire l'essentiel de ses revenus de cette redevance, qui s'élève pour le contribuable à 174,50 livres (soit près de 200 euros) pour un revenu total de 3,8 Md£ pour l'année 2024/2025. Le montant de la redevance doit être renégocié d'ici fin 2027 dans le cadre du renouvellement de son contrat de mission décennal avec le gouvernement britannique, dit "Charte royale". La révision de cette Charte comprendra une consultation publique.
Selon l'analyse des comptes de la BBC, le taux de fraude à la redevance s'élève désormais à 12,5%. En outre, 3,6 millions de foyers déclarent désormais ne pas avoir besoin de licence, arguant ne plus regarder la BBC, contre 2,4 millions en 2021.
Au total, sur l'année 2024-2025, l'effet combiné de la fraude et du recul du nombre de foyers représente un manque à gagner potentiel de 1,1 milliard de livres, souligne le rapport, qui estime en outre que "la BBC n'en fait pas assez pour faire respecter le paiement de la redevance".
Dans ce contexte, les parlementaires appellent à une refonte du système de contrôle du paiement de la redevance , soulignant que celui des visites à domicile est "de moins en moins efficace". En effet, si le nombre de visites dans des foyers non titulaires d'une licence a augmenté de 50% l'an dernier, cela ne s'est toutefois pas traduit par le paiement de redevances supplémentaires ni par une augmentation des poursuites pour non-paiement.
Citée dans le rapport, la BBC a fait valoir la difficulté à mener les contrôles, de nombreux contribuables refusant d'ouvrir la porte aux contrôleurs. Le rapport souligne un autre défi: celui d'attirer un public plus jeune, attirés par d'autres médias que la BBC. Or, rappelle le rapport, la mission de la BBC est de "servir tous les publics".
« La BBC est actuellement une institution de confiance, mais sa pertinence à long terme dépendra de sa capacité à refléter et à interagir avec son public », indique le rapport. « Les jeunes regardent moins la BBC que les adultes et la perçoivent comme moins en phase avec leurs centres d'intérêt. "La pertinence de la BBC pour d'autres groupes de population au Royaume-Uni est également menacée", ajoute le rapport. Le président de la commission, Sir Geoffrey Clifton-Brown, a affirmé que leur rapport montrait clairement que « la situation de la BBC est en train de se dégrader ».
La BBC a déclaré reconnaître la nécessité d'une réforme de la redevance, mais que toute modification devait « préserver le statut de la BBC en tant que service public de radiodiffusion universel ».
La publication de ce rapport par la commission des comptes publics, qui scrute l'utilisation des deniers du contribuable, intervient alors que la BBC est déjà dans la tourmente, et menacée d'être poursuivie en diffamation par Donald Trump à la suite de la diffusion d'un montage trompeur d'un discours du président américain, sur BBC One. L'affaire a poussé à la démission son directeur général Tim Davie et la patronne de BBC News Deborah Turness (Satellifacts, 12 novembre).
En outre, la Federal Communications Commission (FCC), régulateur de l'audiovisuel américain, a adressé mercredi 19 novembre un courrier à la BBC, sur cette affaire. La FCC n'ayant aucune compétence officielle sur le groupe britannique, Brendan Carr, le président de la FCC et proche allié de Donald Trump, a également écrit aux dirigeants des chaînes TV américaines publiques NPR et PBS, partenaires de la BBC.
L'objectif est de savoir si le reportage incriminé a été diffusé aux États-Unis, ce qui est considéré comme un élément clé pour tout litige futur. Brendan Carr entend savoir si la BBC "a fourni soit la vidéo, soit l'audio du discours monté à NPR, PBS ou à tout autre diffuseur réglementé par la FCC pour diffusion aux États-Unis". Il était disponible sur iPlayer, la plateforme numérique de la BBC, qui n'est pas accessible aux États-Unis.
