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Twitter : le réseau social renonce aux mentions controversées de « média affilié à l’Etat »

Paris - Publié le vendredi 21 avril 2023 à 13 h 50 - n° 319706

Twitter a supprimé, vendredi 21 avril, les mentions controversées de « média affilié à l’Etat » et de « média financé par des fonds gouvernementaux » des profils de plusieurs comptes de médias occidentaux, de Russie, de Chine et d’autres pays. C’est le cas notamment pour France Télévisions, Radio France, France Médias Monde ou encore la radio publique nationale américaine National Public Radio (NPR), le groupe audiovisuel public canadien CBC/Radio-Canada, l’agence officielle chinoise Xinhua et la chaîne russe RT.

« Les médias affiliés à un Etat sont définis comme des médias dont le contenu éditorial est contrôlé par cet Etat par le biais de ressources financières, de pressions politiques directes ou indirectes et/ou d’un contrôle sur la production et la distribution », pouvait-on lire sur le centre d’aide de Twitter. « Les organisations de médias financées par un Etat et dotées d’une indépendance éditoriale, comme la BBC au Royaume-Uni ou NPR aux Etats-Unis, ne sont pas définies comme des médias affiliés à un Etat aux fins de cette politique », poursuivait ce texte.

L’introduction de ce label avait entraîné de vives réactions au sein des médias concernés et conduit plusieurs d’entre eux à suspendre leur activité sur Twitter. Après NPR (Satellifacts, 12 avril), CBC/Radio-Canada et la radio publique suédoise Sveriges Radio (SR) avaient eux aussi décidé de quitter le réseau social d’Elon Musk en guise de protestation contre ces mentions portant atteinte à leur crédibilité (Satellifacts, 18 avril).

Delphine Ernotte Cunci dénonce l’attitude d’Elon Musk

Il est « effrayant » qu’Elon Musk prétende « déterminer si un média est indépendant », s’est insurgée Delphine Ernotte Cunci, présidente de France Télévisions, lors d’un entretien accordé aux Echos samedi 22 avril. « Twitter a tenté de qualifier tous les médias publics du monde de média d’Etat puis de médias financés par le gouvernement ou par le public. Mais enfin… qui est Monsieur Musk pour déterminer si un média est indépendant ou s’il ne l’est pas ? », a-t-elle déclaré.

Pour la dirigeante, « Twitter a reculé car la mobilisation collective des médias publics, du Canada à l’Australie, a payé ». Il n’en reste pas moins que, selon elle, « cela pose la question de la maîtrise de notre espace informationnel. On ne peut pas laisser des acteurs américains, demain chinois, jouer ainsi aux apprentis sorciers avec nos démocraties », a-t-elle poursuivi.

Interrogée sur le point de savoir si France Télévisions et ses chaînes pourraient quitter le réseau social, Delphine Ernotte Cunci a convenu qu’il s’agit d’« un dilemme ». « Les possibilités ouvertes par l’intelligence artificielle pour générer, à un rythme industriel, de fausses images et vidéos sont vertigineuses. Dans le capharnaüm qui s’annonce, nos médias nationaux, régulés, sont des boussoles », a-t-elle fait valoir.

© D.R.
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