Serge Bromberg : jugé pour un incendie mortel, le restaurateur de films reconnaît sa « faute »
Paris - Publié le mardi 22 novembre 2022 à 15 h 11 - n° 311632A l’ouverture de son procès pour homicide involontaire, Serge Bromberg, collectionneur et restaurateur de films, a reconnu mardi 22 novembre à Créteil avoir « commis une faute », après un incendie mortel provoqué par un important stock de bobines de nitrate qu’il y entreposait. Stockées sans autorisation sous un immeuble habité de huit étages à Vincennes, ces bobines inflammables ont pris feu dans la nuit du 10 août 2020, en pleine canicule. Deux personnes sont mortes dans le très violent incendie que les pompiers ont maîtrisé après 6 heures de lutte.
Le dirigeant de Lobster Films entreposait ces bobines dans un local sans climatisation, sans alarme incendie, près d’une verrière. Une paroi « coupe-feu » avait été installée, mais n’était en réalité pas équipée d’isolant thermique et a fondu en 30 minutes. Les enquêteurs estiment qu’au moment de l’incendie entre 1 364 et 1 935 bobines se trouvaient là, pour un poids allant de 2,5 à 3,6 tonnes. Le prévenu fait un calcul différent : 965 bobines, 970 kilos. « C’est un fait, pas une estimation », a-t-il souligné à la barre. « Cet endroit était un “stock tampon”, il avait seulement pour vocation d’accueillir quelques bobines avant qu’elles partent au CNC », s’est défendu Serge Bromberg, qui était parfaitement au courant des risques inhérents au nitrate.
Même s’il reconnaît « une très grave erreur d’appréciation » et une « négligence » de sa part, le prévenu estime que le CNCCNCCentre national du cinéma et de l’image animée avait obligation de récupérer et stocker ses bobines de nitrate. « La quantité de nitrate était censée être extrêmement minime », dans son local, s’est-il expliqué, ajoutant : « Jamais auparavant le CNC ne m’avait refusé des bobines. » « Le fait qu’un site en pleine campagne, une ferme inutilisée, puisse être utilisé, ça ne vous a pas traversé l’esprit ? », lui a demandé le président du tribunal. « C’était certainement une faute, une erreur, une imprudence », a répondu l’intéressé, devant une salle où les victimes et parties civiles sont venues en nombre. Le procès se tient jusqu’à ce mercredi.