MIFC : mutualiser les efforts et événementialiser les sorties pour faire vivre les films de catalogue
Paris - Publié le dimanche 21 octobre 2018 à 19 h 23 - n° 262901Le Marché international du film classique (MIFC) s’est clôturé vendredi 19 octobre avec une rencontre sur les stratégies de distribution pour les films de catalogue, animée par Joël Wirsztel, directeur de la rédaction de Satellifax.
Julien Rejl, responsable des acquisitions et de la distribution de Capricci a relevé six segments différents : les blockbusters et films populaires ; les grands films classiques ; les films rares ; les films culte générationnels ; les films inédits en salles et, pour finir, les cycles et rétrospectives, en version restaurée.
Yann Le Prado, directeur du catalogue de Studiocanal a insisté sur la difficulté croissante d’exposer, de présenter et d’exploiter les films. « Aujourd’hui, défendre un catalogue est très difficile », indique-t-il, rappelant que la fréquentation dans les salles - qui jouent le rôle de vitrine - est en baisse, même sur les films frais. Il estime par ailleurs que trop de films de catalogue sortent. Pour leur donner une vraie chance, il faut événementialiser ces films et créer une urgence à aller les voir en salles, ce qui n’est pas possible quand il y en a trop. Il faut également que cette événementialisation puisse se transformer en réussite commerciale auprès du large public.
Pour Pierre Olivier, directeur vidéo et catalogue de TF1 Studio, il est « inquiétant » que les films de catalogue n’arrivent pas à générer de la valeur. Il appelle également à un dialogue entre tous les acteurs (diffuseurs, exportateurs, distributeurs) pour mieux événementialiser les sorties. Le numérique doit également permettre d’aller chercher des nouveaux publics.
Un point de vue partagé par Bruno Deloye, directeur de Ciné+, pour qui « on ne peut pas exister tout seul ». Il faut par ailleurs « mettre en scène » la programmation, en fonction des films qui ressortent en salles ou avec des documentaires pour accompagner les films.
« Le virus de la cinéphilie s’attrape dans les salles obscures », a pour sa part indiqué Isabelle Gibbal-Hardy, directrice du cinéma parisien le Grand Action. Si le marché du film de catalogue s’est effondré, la salle reste un passage obligé, de par l’expérience collective qu’elle propose. Elle estime également que le modèle économique actuel ne suffit pas et qu’il est nécessaire de créer des passerelles entre les différents métiers.
Pour Jean-Yves Bloch, dg d’UniversCiné, la seule manière d’intéresser le public est de « créer des traits d’union entre le monde contemporain et le passé ». Sur les plateformes, l’éditorialisation est essentielle, pour coller aux sorties salles, aux programmations des festivals ou aux sorties DVD par exemple.
Les participants se sont accordés pour souligner qu’un travail d’éducation à l’image est également nécessaire auprès des plus jeunes, qui prennent l’habitude de consommer sur petit écran et de façon individuelle.